LES NATURALISTES PARISIENS

45 Rue de Buffon
75005 PARIS

Adresse : http://www.chez.com/naturalistes


Assemblée générale du Centenaire - 6 MARS 2005
Rapport du Secrétaire général Pierre FESOLOWICZ

Chers amis et collègues,

En 2004, année du Centenaire de notre Association, nous avons conçu 40 excursions, tenu 3 conférences, 2 séances de présentations libres, réalisé 2 visites et une séance de clôture.

Pour la présente Assemblée Générale, qui suit notre Centenaire, il me parait opportun de revenir sur les aspects les plus significatifs d'activités évocatrices du développement de l'Histoire Naturelle parisienne, du travail séculaire de notre Association et des hommes qui ont été les artisans de l'un et de l'autre.

Le 4 avril, commémorant sur les lieux mêmes où s'était déroulée la première excursion des Naturalistes Parisiens, le 24 avril 1904, Monsieur DUPUIS et moi vous avons conduits en Forêt de Marly. Nous y avons observé Sambucus racemosus, Aspidium lobatum, Atropa belladonna, Veronica montana, Hottonia palustris, Plagiothecium undulatum, Blechnum spicant, et aussi le beau Carabus auronitens des forêts froides.

La semaine suivante, souhaitant reprendre la deuxième excursion du 12 mai 1904 en Forêt de Rougeau, Messieurs BONNEL et LE RUYET ont été brillamment récompensés de leurs soins avec la découverte d'une exceptionnelle station d'Ophioglossum vulgatum.

Le 20 juin, sous la direction de Monsieur BOCK, nous n'avons point manqué d'évoquer Pierre ALLORGE et sa thèse de 1922 sur les Associations végétales du Vexin Français. L'herborisation sur le "Pinacle d'Allorge", face à la Seine, à la recherche d'Astragalus monspessulanus, Helianthemum canum et Stipa pennata, restera, pour tous, un moment de particulière émotion.

C'est également dans le Vexin que se situent plusieurs hauts lieux de la géologie du Tertiaire, notamment à Auvers-sur-Oise, où Gustave DOLLFUS a défini l'Auversien en 1880. Son stratotype, un des rares encore visibles en Région Parisienne, nous a été présenté par Monsieur TASSET, le 1 er août.

Gustave DOLLFUS avait, de même, défini en 1877, le Sparnacien, qu'il nomma d'après Épernay. Le 25 avril, Monsieur THIRY, en professionnel de talent, nous a fait découvrir cette formation, dans le cadre exceptionnel du Provinois. L'étude d'un tel univers minéral, si dépourvu soit-il de végétation, est un prélude nécessaire à la compréhension du Bassin de Paris, substrat de la Flore et cadre de l'Histoire.

Le Laonnois, dont notre ancien président, Monsieur BOURNERIAS, nous a si souvent présenté les différents groupements végétaux, fut, le 14 mars, l'objet d'une excursion sous la direction de Messieurs BOCK et JOLY. C'est avec joie que nous y avons revu Chrysosplenium alternifolium, Helleborus viridis, Leuccium vernum et Daphne mezereum en fleurs.

Aux portes du Valois, à la Chapelle-en-Serval, au mois d'octobre, Messieurs BONIN et PERDEREAU nous ont conduits sur un remarquable site fossilifère du Marinésien, sous-étage également défini par DOLLFUS en 1905 et réintroduit par Charles POMEROL en 1961. Durant cette même journée, l'évocation du souvenir de Charles PÉGUY en Pays de France, sur la butte de Montmélian, a évidemment entraîné nos réfléxions sur un moment crucial de la Grande Guerre et de l'histoire de l'Europe.

A Coye-la-Forêt, le 8 mai, Monsieur BONIN, après avoir retrouvé Anemone ranunculoides et Melica nutans, a souligné l'importance de la thèse de Paul JOVET (1949) consacrée à la phytosociologie du Valois, ouvrage fondamental pour tout naturaliste.

Aux confins orientaux du Valois, à la Ferté-Milon, au cours d'une journée à la fois zoologique et botanique, Monsieur et Madame PEDOTTI nous ont montré Cynoglossum germanicum, Aconitum napellus sous-espèce lusitanicum et Hydrocharis morsus-ranae. Fontainebleau, intercalé, aussi bien stratigraphiquement que géographiquement, entre la Brie et la Beauce, a toujours été un pôle d'attraction pour les recherches naturalistes.

Le Stampien, terme introduit par d'ORBIGNY en 1852, dont les paysages, façonnés dans les sables et grès, nous sont si familiers, justifie notre prédilection pour cette région. Dans le bois de la Rochette, le 6 juin, guidés par Messieurs ARLUISON et CARLIER, nous avons admiré Rosa tomentosa, mentionnée par JEANPERT en 1911 près de Melun, et Arabis turrita.

Dans le bois des Courtilleraies, le 8 août, sous la direction de Messieurs MERAL, PERES et VIDONNE, la curiosité des botanistes s'est portée sur Scirpus setaceus, Chenopodium vulgaris ainsi que sur Laserpitium latifolium retrouvé par Messieurs LE RUYET et KONRAT.

Les 18 avril et 7 novembre, Monsieur CARLIER, Madame GUILLOUX et Monsieur KONRAT ont su nous remémorer les particularités de la lichénologie dans le Massif de Fontainebleau où se mèlent, à l'écart de bien des pollutions, des éléments submontagnards et méridionaux. Nous y avons observé Squamarina cartilaginen, Toninia caeruleonigricans et Placyntium nigrum.

La Brie fut le champ des investigations de Raymond GAUME qui, avec celles de Pierre DOIGNON, ont marqué la bryologie à Fontainebleau. Grâce à leurs travaux, j'ai réalisé, avec le concours de Michel ARLUISON et Mademoiselle AICARDI, la rétrospective bryologique de notre excursion du 28 novembre sur les hauteurs de la Solle et la platière des Couleuvreux. Je vous ai alors montré Blepharostoma trichophyllum, Zygodon forsteri, Ptilidium ciliare, ainsi qu'Anastrophyllum hellerianum. Ce dernier bryophyte témoigne qu'il reste des choses à découvrir en Région Parisienne.

Ce n'est pas la seule fois où il nous soit arrivé de trouver des stations nouvelles. Ainsi, le 29 août, sous la direction de Monsieur CHABRIER, en forêt d'Angervillier, Monsieur KONRAT a remarqué la présence de Pulicaria vulgaris, non loin d'Asarum europaeum et Berteroa incana.

A Dourdan, le 4 juillet, Monsieur PERDEREAU, remplaçant Monsieur BONNEL, nous a fait remarquer, en compagnie de Mademoiselle CHESNOY, Polycarpon tetraphyllum, intéressante petite caryophyllacée des pavés, agrémentant de botanique l'historique de la ville et du Château. L'intérêt de Monsieur PERDEREAU pour l'Histoire s'est manifesté plus vivement encore le 14 novembre dans les Grands Bois du Marais,avec la visite du château du Marais son musée Talleyrand.

L'attention que nous portons à la Bièvre ne se borne pas à son cours parisien,longtemps témoin d'activités artisanales et industrielles, mais concerne aussi le haut potentiel hydraulique de son cours supérieur. Monsieur FAUVARQUE le connaît parfaitement et nous l'a encore expliqué méthodiquement, avec beaucoup de mérite, lors des deux excursions des 23 mai et 19 septembre.

Dans le Hurepoix, à Chamarande, le 13 juin, avec la précieuse collaboration de Monsieur LE-RUYET, je vous ai présenté Trifolium glomeratum et la jolie papilionacée jaune Vicia melanops, en pleine floraison.

Dans le massif de Rambouillet, si activement prospecté par Monsieur BOURNERIAS, nous fut offert, aux étangs de St Hubert, le 21 novembre, par Messieurs LASOTA et BONNEL, le spectacle de remarquables colonies d'Oies cendrées et de Vanneaux huppés, au milieu desquels cohabitaient des Pluviers dorés.

Avec Monsieur JOLY, dans la vallée de la Mauldre, le 16 mai, nous avons étudié le site fossilifère de la tranchée de Villiers-St-Frédéric. Nous touchions là du doigt l'étage Lutétien, créé par Albert de LAPPARENT en 1883, et prenions bien conscience de l'importance, à l'époque, de la géologie en chemin de fer. Au cours de cette belle journée, nous avons observé dans la forêt de Beynes, Erica scoparia, Ranunculus parviflora et Veronica peregrina.

Conformément à nos soucis de connaissances générales et comparatives, l'année 2004 nous a donné plusieurs occasions de dépasser nos limites habituelles.

Le 15 août, après deux heures de TGV, nous sommes descendus à Frasne pour y explorer le marais sous la direction de Messieurs FICHET et LE RUYET. Nous y avons rencontré, entre autres, Ranunculus lingua, Andromeda polifolia et Vaccinium oxycoccos.

Notre voyage en Bourgogne, sous la direction de Messieurs BOIVIN, TASSET et DUPUIS, fut marqué à Montbard par la visite du parc, du musée Buffon, du cabinet de travail du grand naturaliste, ainsi que des forges dans lesquelles il réalisa des expériences propres à soutenir sa théorie de la terre. A Chatillon-sur-Seine, le vase de Vix retint notre attention. Impressionnant par ses dimensions autant que par son travail, il illustre le premier âge du fer, à la jonction de la protohistoire et de l'histoire, et apporte au naturaliste un repère sur le chemin du développement des civilisations humaines. Nous avons jalonné nos investigations par la visite de nombreux sites historiques, dont celui du village d'Anay-sur-Serein, où séjourna l'entomologiste Pierre-André LATREILLE. Les sources de la Douix reflètent le cadre enchanteur dans lequel nous avons évolué durant trois jours. La botanique ne fut pas en reste avec Coronilla coronata, Cirsium tuberosum, Ligularia sibirica, Swertia perennis et, pour finir, le beau coteau calcaire à Sabots de Venus Cypripedium calceolus.

Entre Seine et Eure, le 27 juin, lors d'une journée bien préparée, Messieurs FALLIES et LE RUYET nous présentèrent Senecio paludosus, Potentilla recta, Ophioglossum vulgatum et Verbascum blattaria. Accueillis chez Monsieur et Madame FALLIES, nous avons apprécié leur attention chaleureuse et dévouée.

Dans l'Orléanais et en Sologne, nous avons bénéficié des enseignements de Monsieur SORNICLE et de Mademoiselle CHESNOY en observant, à Briare-sur-Essonne, le 12 septembre, Carduncellus mitissimus, Veronica prostrata et, à la Ferté-St-Aubin, le 25 juillet, Ludwigia palustris , un intéressant névroptère, Mantispa styriaca, fut l'objet de toute notre attention.

Le regretté Monsieur PATOUILLET aimait nous conduire régulièrement à Trianon pour assister à l'éveil du printemps, avec Petasites officinalis, Veronica filiformis et Silene viridiflora. Mademoiselle CHESNOY, le 28 mars n'a pas manqué de nous faire suivre ses traces.

Monsieur PATOUILLET fréquentait assidûment le Bois de Notre-Dame, dans lequel, le 22 août, Monsieur LE RUYET et Madame LEULIETTE ont repéré Teucrium scordium, Genista anglica et Radiola linoides.

Nos excursions dans Paris, en raison de leur riche contenu didactique et bien que programmées, le plus souvent, en fin de saison, connaissent un réel succès de participation en heureux accord avec l'unité de l'Association, dans la diversité d'âges et de résidences de ses membres.

La traversée du bois de Vincennes, le 15 février, donna l'occasion à Monsieur et Madame PEDOTTI de nous faire une belle démonstration d'horticulture et d'hydrologie. Le jardin d'Agronomie tropicale fut une découverte pour tous.

L'excursion du 10 octobre, sous la direction de Monsieur FAUCHER et de Mademoiselle CHESNOY, nous valut une démonstration de la géologie de Passy, la visite du musée du Vin, l'agrément d'un déjeuner amical et un parcours des plantations de l'Ile des Cygnes.

L'excursion conçue par Mademoiselle CHESNOY et Monsieur LE RUYET, le 4 décembre, du quartier d'Amérique au parc des Buttes-Chaumont avait pour thème directeur l'étage du Gypse, illustré, dès le début du XIXe siècle par les célèbres recherches paléontologiques de Georges CUVIER et Alexandre BRONGNIART.

Le 7 février, nous avons visité la Galerie de Paléontologie du Muséum, haut lieu de l'Histoire Naturelle et parfaitement propre à l'éclosion de réelles vocations. Cette visite de quatre heures a été dirigée, avec une compétence passionnée, par Madame LAURIAT-RAGE, Professeur responsable de la Section des Invertébrés. Ses explications ont été assorties de commentaires épistémologiques de notre Président qui, au delà de l'érudition, souhaitaient dégager quelques traits essentiels des cheminements des idées scientifiques.

Une seconde visite mémorable fut celle de la Bibliothèque Centrale du Muséum, en deux groupes, les 14 et 28 février. Son Conservateur en Chef, Madame LENOIR, nous a fait bénéficier d'une introduction à l'usage de la médiathèque et, après un regard sur le Cabinet des Curiosités de BONNIER de LA MOSSON, d'une présentation très complète de la salle de lecture, avec ses catalogues et les usuels, puis des magasins de livres et de périodiques. La visite prit fin dans la salle de la Réserve, où étaient mises sous nos yeux nombre de richesses de la Bibliothèque, notamment en matière d'Histoire Naturelle parisienne. Et nous avons pu également admirer quelques pièces de la prestigieuse collection des Vélins.

Nos conférences de l'année du Centenaire ont commencé le 13 janvier avec un exposé sur Paris et l'Histoire Naturelle, dans lequel Monsieur DUPUIS a souligné le rôle des hommes et la signification des richesses naturelles de notre capitale et de sa région dans le développement d'un pôle intellectuel, historiquement ans égal, de notre discipline.

La conférence sur la botanique alpine de Monsieur BENARD, le 1 er février, à l'aide d'une iconographie de qualité, intégrait la systématique, l'étymologie, l'historique, la physiologie végétale et l'écologie. Bel exemple d'une présentation complète.

L'Assemblée Générale se devait de laisser une place de choix aux rapports entre l'enseignement et l'Histoire Naturelle qui furent traités avec précision par Madame PEDOTTI, le 7 mars.

Notre année du Centenaire s'est achevée, le 12 décembre, par une séance de clôture, au cours de laquelle, comme annoncé Monsieur DUPUIS et Madame PEDOTTI ont illustré le parcours, les artisans et les résultats de l'Association de 1904 à nos jours, en s'attachant également à ce qui, depuis la fondation, a changé ou demeure dans la Nature, l'Histoire Naturelle et la vie quotidienne.

S'il fallait tirer les quelques leçons majeures de l'année 2004, il conviendrait de redire la nécessité de participer à la gestion de l'Association, comme le font si bien Mesdemoiselles LAURENT et CHESNOY, Messieurs BOVIN, KONRAT, BONNEL et notre Président, Monsieur DUPUIS. Mais il est des enseignements d'une plus ample portée. Il est capital d'insister sur les investissements personnels dans le travail intellectuel. Je distingue au moins trois types de tels, investissements
- la préparation de l'animation des excursions et réunions;
- le suivi par chacun des participants de ce qu'il a appris en chaque circonstance;
- enfin, ce dont on parle plus rarement, la préparation à laquelle on peut se livrer en s'imprégnant soi-même, préalablement à nos activités, d'un minimum de faits relatifs aux lieux et thèmes qui seront parcourus ou traités.

Cette remarque m'est venue quelques temps avant la récente conférence de Mademoiselle SANTARELLI, lorsqu'un de nos collègue s'est étonné que je puisse lui dire: "je prépare la Nouvelle Calédonie". J'éprouvais simplement, en ce cas, le besoin de me mettre en meilleure condition d'aborder une question nouvelle pour moi. Toute démarche de cette sorte constitue, pour chacun, une garantie de progrès dans l'édification de son savoir.

En ce domaine de la constitution des savoirs, qui est aussi celle de laur transmission, je me suis pris, au surplus, en écoutant nos deux savants présentateurs de la Galerie de Paléontologie, à réfléchir à l'immense capital de connaissance critiques qu'ils avaient accumulé par leur constant travail personnel. Ce n'était pas sans regretter que de telles richesses ne trouvent pas aujourd'hui assez d'émules pour en tirer profit en rejoignant les Naturalistes Parisiens.

Par ce lien, vous pouvez accéder au compte-rendu de l'assemblée générale du 7 mars 2004
Compte-rendu du Secrétaire Général P. Fesolowicz.


Par ce lien, vous pouvez accéder au compte-rendu de l'assemblée générale du 2 mars 2003
Compte-rendu du Secrétaire Général P. Fesolowicz.


Copyright : Les photographies sont extraites de l'album de Bill Atkinson ©

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