LES NATURALISTES PARISIENS

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75005 PARIS

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Assemblée générale du 11 MARS 2007
Rapport d'activité du Secrétaire général Pierre FESOLOWICZ


Chers amis et Collègues,

Au cours de l’année 2006 nous avons effectué 41 excursions, dont un voyage de 3 jours, 4visites, entendu 3 conférences et tenu 2 séances de présentations libres, soit au total 52 journées d’activité.
Restant fidèle à nos traditions naturalistes, qui entendent illustrer la pluridisciplinarité, je vous propose d’examiner comment, avec qui, et avec quel profit, nous nous sommes intéressés à tous ces aspects solidaires d’une seule et même culture.

La botanique, res herbaria de TOURNEFORT, la chose des herbes, représente le principal intérêt pour la plupart d’entre nous. Une logique de saison nous impose de commencer par l’étude des plantules.
L’observation émerveillée de ces caractères juvéniles, conduit à des connaissances plus complètes pour aider à la détermination des espèces. C’est dans cet esprit que M.et Mme PEDOTTI nous ont menés le 26 mars en forêt de St Germain, où nous avons revu avec satisfaction, Doronicum plantagineum et Dactylis aschersoniana. En période estivale, toujours sous leur direction,l’excursion du 2 juillet à Souppes-sur-Loing, fut l’occasion de mieux percevoir la systématique, la biologie et l’écologie des saules. Nous avons également porté toute notre attention sur Inula salicina, Leersia orizoïdes et surtout Sanguisorba officinalis, dont ces marais sont une station privilégiée. Le 12 novembre,les mêmes nous ont fait observer Hypericum officinalis, Cynoglossum germanicum et la rare Omphalodes verna, dans la vallée de l’Automne. Là, le calcaire lutétien règne en maître, et dans ses carrières abonde le grand cérithe, Campanile giganteum. Cette vallée pittoresque est de surcroît jalonnée de moulins et de fermes fortifiées.

En avril, à Crecy-la-Chapelle, dont M. Martin nous a conté l’histoire, MM. LE RUYET et KONRAT nous ont fait observer Corydalys ochroleuca, accrochée aux murs des canaux de cette petite Venise. Cette journée dans la remarquable vallée du Grand Morin, s’est terminée par l’observation d’Anemone ranonculoïdes, en compagnie de Lathrea squamaria découverte par Mme SANCONIE.

Le 23 avril M. BONIN, tel l’Argus aux cent yeux, a veillé longtemps sur le lycopode de la forêt de Montmorency, aujourd’hui sans doute en état de dormance. Son action auprès de l’O.N.F. fut décisive, et fit autorité pour la protection de cette rareté. Le 23 avril, en ces mêmes lieux, nous avons actualisé nos relevés par l’observation d’Eriophorum angustifolium et Carabus auronitens, coléoptère caractéristique des forêts parisiennes froides.

A Marly le 28 mai, MM. DUPIUS et BOIVIN nous ont à nouveau prouvé que l’on peut toujours faire de belles découvertes, dans les lieux les plus proches et les plus classiques, en nous montrant de beaux peuplements d’Oreopteris limbosperma, de Lysimachia nemorum, et en découvrant, avec nous, une population inattendue de Sorbus latifolia. A Sénart le 29 octobre, M. DUPUIS nous a rappelé l’histoire de la découverte et des interprétations du Cailloutis de Sénart, et avec M. LE RUYET nous a fait observer les plantes de la lande du Grand Cormier déjà vues en 1959 : Gentiana pneumonanthe, Lobelia urens et Eriophorum vaginatum.

Avec M. BOIVIN, le 8 octobre en forêt de Coye, nous avons revu le poudingue thanétien et noté Ribes nigrum, Atropa belladona et Erica tetralix. Cette dernière dans un peuplement de Pinus strobus

La plaine de la Glandée au nord du massif de Fontainebleau est un secteur peu fréquenté par les naturalistes, du fait de son isolement. Le 11 juin MM. CARLIER et ARLUISON nous y ont conduits, en s’attachant à nous montrer Ophioglossum vulgatum et Carex serotina. L’observation du lézard des souches compléta le riche inventaire de la journée.
MM. FAUVARQUE et LE RUYET, dans la vallée de la Drouette le 14 mai, ont bien souligné l’importance de l’exploitation de la meulière dans la région. La saison printanière permit à Mme DUCREUX de discerner la très rare Cardamine bulbifera, et nous offrit l’occasion de faire bon nombre d’observations entomologiques.
M. FICHET, le 30 juillet nous a fait remarquer Helitropium europaeum à Château- Landon, cité médiévale aux murs abritant Campanula pyramidalis, et aux fossés hérissés de Sagittaires.

L’effort physique demandé le 30 avril par M. TASSET à Port-Villez était en rapport avec l’intérêt botanique des lieux. Hepatica triloba, Peucedanum carvifolium et Senecio squalidus méritaient qu’on les saluât au prix d’une longue marche. Le même, le 21 mai à Etrechy, en compagnie de M. BONNEL, nous a montré Isopyrum thalictroïdes, Ammi majus et Carthamus lanatus.
Ajoutons que les participants de la journée du 13 août dans la vallée de l’Ourcq furent également récompensés, avec Inula helenium, Atriplex hortensis et une variété rose de Cirsium oleraceum.

La fin de l’été est souvent marquée par un regain d’intérêt pour les milieux humides.
En Sologne le 17 septembre, sous la direction de M.SORNICLE et de Mlle CHESNOY , nous avons sillonné une belle tourbière à Drosera. Ce jour-là, nous avons également remarqué Rhynchospora alba, Halimium alyssoïdes et Hottonia palustris.

Aux portes de Paris, dans la réserve naturelle de St Quentin-en-Yvelines, MM. KONRAT et LE RUYET,ainsi que Mme ANGLADE, nous ont ouvert le chemin sur lequel nous avons pris en compte Rumex maritimus parmi de belles étendues de Potentilla supina et Lythrum hyssopifolia, et examiné avec Respect, Damasonium stellatum en situation de précarité.

Montreuil-aux- Pêches, autrefois ainsi nommé, évoque une dynamique horticole aujourd’hui disparue. MM. LACOUR et KONRAT ont rappelé cette activité le 25 novembre, à travers un captivant parcours muséologique.


L’étude des champignons reste une des activités les plus populaires et les plus pratiquées au sein de nos associations, que ce soit au travers de 4 excursions conduites par M.CHABRIER, ou encore celles programmées par nos amis de l’A.N.V.L. MM. MERAL, PERES et VIDONNE, toutes ont été riches d’enseignement, de démonstrations très soignées, et furent l’occasion de récoltes abondantes, rappelant que la cueillette est souvent à l’origine de l’intérêt que l’on porte aux choses de la nature.
M.CARLIER, inlassable président de l’A.N.V.L., sachant s’investir tant dans les fonctions administratives que dans les activités de terrain, le 19 mars à Fontainebleau, en collaboration avec MmesGUILLOUX et BLONDEL, a su nous convaincre de tout l’intérêt qu’il faut porter à la lichénologie .

L’année bryologique se résume à deux excursions. Le 3 décembre, au rocher St Germain en forêt de Fontainebleau ,M.ARLUISON et moi vous avons montré Lophozia bicrenata, Microlejeunea ulicina et Ptilidium ciliare, trois hépatiques attestant la remarquable richesse de ce massif, sans équivalant en région parisienne .

Le 2 avril à Faÿ-les-Nemours, en collaboration avec Mlle AICARDI, je vous ai montré Rhytidiadelphus loreus et Lejeunea cavifolia. Une belle floraison vernale de Scilla bifolia agrémenta cette journée, ainsi que Gnaphalum sylvaticum et Montia minor. Cette excursion permit à M.HOFSTETTER de nous faire bénéficier de ses connaissances archéologiques, en nous présentant d’impressionnants polissoirs et une meule en place, témoin de l’importance du développement de l’industrie néolithique dans ce secteur.

A la Pentecôte, nos journées d’études en Bretagne, axées sur la minéralogie et le métamorphisme, ont obtenu un grand succès. Nous le devons avant tout à M.SAGON qui en fut l’instigateur, et qui sut nous expliquer passionnément les schistes bleus, les grenats de l’île de Groix, ainsi que les staurotides de Kerilio. Cet enseignement fut complété par celui de la botanique onsciencieusement préparé par M.BOCK, et assuré par M. PEDOTTI. Nous avons ainsi admiré Scrophularia scorodonia sur les migmatites de Port-Navalo, l’impressionnante étendue d’Asphodelus arrondeaui parmi les alignements mégalithiques de Kermario, Linaria arenaria dans les formations végétales de la dune d’Etel, Drytopteris affinis sous-éspèce affinis dans les schistes à minéraux de Baud, une éclatante floraison vernale de Ranunculus sardous et Centaurium littorale sur les glaucophanites de Groix.

En matière de géologie, M. CARLIER le 26 février a bien fait apparaître le processus de meulièrisation qui affecte le Bassin de Paris, et l’argilisation qui l’accompagne, dans le grand ensemble de carrières à meulières de Brie, que nous avons exploré du côté de Melun.

La qualité des excursions proposées par M. JOLY est due en grande partie à leur diversité. Le 15 octobre, en sa compagnie et celle de M. MAGNE, nous sommes remontés jusqu’aux captages des sources de l’Avre, d’une importance majeure pour l’alimentation de Paris en eau.

La zoologie rassemble différentes disciplines, dont l’ornithologie semble être la composante la plus appréciée . Le 29 janvier MM. DE MEULANDRE et KONRAT nous ont conduits dans le val de Seine, à Vernouillet, très favorable, bien que très urbanisé, à l’observation de nombreuses espèces d’oiseaux.

En ce qui concerne l’entomologie, lors de l’excursion de M.ARLUISON à Moret, M. DEXHEIMER le 18 juin, nous a fait bénéficier de ses intéressantes observations avec Dibolia cryptocephala, Altise rare pour Fontainebleau, et Apion lanigerum,Curculionidé méridional .
L’ichtyologie n’est pas une pratique habituelle dans l’association. Avec M. MEUNIER , lors de sa conférence du 15 janvier, nous nous sommes familiarisés avec la faune guyanaise et la diversité ichtyologique du bassin amazonien . Cette conférence fut suivie d’une première visite à l’aquarium de la Porte Dorée, axée sur les piranhas. La seconde visite au mois de décembre fut l’occasion de découvrir la faune des rivières africaines. Le Dipneuste, Protopterus annectens, les Polyptères, les Mormyres, les Cichlidés ,donnèrent lieu à des remarques et des commentaires, tant sur la paléogéographie gondwanienne, que sur l’histoire des découvertes de la grande époque de GEOFFROY SAINT-HILAIRE, de CUVIER et d’ ACHILLE VALENCIENNE.

La période estivale se prêtait fort bien à l’étude du domaine de Chantilly. la visite du musée, avec les tableaux des célèbres portraitistes CLOUET donna un visage à l’Histoire. Nous devons cette initiative à Mme LAZARD. Le parc fut tout aussi intéressant, et chacun mesura l’importance de l’hydraulique en ces lieux, dont M. KONRAT nous esquissa la structure. A signaler Geum rivale, espèce des confins nord du Valois, plus répandue en Picardie.

A Montchauvet, avec le concours de M. COCHET, nous avons évoqué au château de Tilly, une page décisive de l’Indépendance des Etat-Unis, due à l’amiral DE GRASSE, élément déterminant de deux siècles d’histoire mondiale.

A côté de la grande Histoire, l’Histoire des sciences est capitale pour un naturaliste. Le nom de PASTEUR ne pouvait que nous inciter à visiter l’Institut de Garches le 12 mars.
Ce choix de Mlle CHESNOY et de Mme PERDEREAU fut complété par une visite du Musée Pasteur à Paris le 30.

M. FISCHER, lors de sa conférence du 5 mars nous a présenté Alcide d’ORBIGNY . En 2002, une belle plaquette retraçant le parcours scientifique de ce grand savant universel, avait été publiée à l’initiative du Muséum. Parmi les collaborateurs de cet ouvrage, MM. FISCHER, MEUNIER et ROBINEAU avaient joué un grand rôle.

Pour bon nombre d’entre nous, le Livre se résume souvent à un titre et à un auteur . Tout ce qui se trouve en amont, l’édition et la librairie, a fait l’objet de l’excursion du 9 décembre, qui entendait appréhender le Livre dans toute sa complexité, aujourd’hui quelque peu masquée par les modifications subies par les professions du livre, notamment sur sa terre d’élection, le quartier Latin. Notre président et Mme PEDOTTI nous ont proposé de retrouver, dans ce haut lieux de rayonnement scientifique, nombre d’établissements qui ont contribué à diffuser la pensée et le savoir. Loin d’imaginer qu’un tel enseignement soit trop dense ou trop précis, il faut le saluer comme propre à instruire tout naturaliste, et à l’inciter à combler ses inévitables lacunes.

Il nous reste encore à remercier tous ceux qui s’investissent davantage dans la gestion de l’association, et parmi eux Mlle LAURENT, Mlle CHESNOY et M.BONNEL, sans lesquels nous ne bénéficierions point de la qualité d’intendance que nous connaissons .

L’Histoire Naturelle est un outil d’investigation qui va au delà de la science, et je conclurais par une réflexion sur l’excursion du 7 mai . L’approche naturaliste d’Illiers-Combray, a mis en relief les lieux qui ont servi le sens aigu d’observation et d’analyse de Marcel PROUST, dans sa Recherche du Temps Perdu. Pour M. DUPUIS et moi, il s’agissait moins de plaquer une réalité géographique sur une œuvre littéraire, que d’alimenter notre curiosité sur les voies et moyens de l’esprit humain . La capture du cours supérieur du Loir au niveau du joli village de Villebon, la limite entre le côté Beauce et le côté Perche, le Pré Catelan installé sur une terrasse de la Vivonne, que l’on gravit par le raidillon des Aubépines, tout contribuait à démontrer l’unité de nos perceptions, et de nos appréciations de la Nature.

Par ce lien, vous pouvez accéder au compte-rendu de l'assemblée générale du 5 mars 2006
Compte-rendu du Secrétaire Général P. Fesolowicz.

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Compte-rendu du Secrétaire Général P. Fesolowicz.

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Compte-rendu du Secrétaire Général P. Fesolowicz.

Par ce lien, vous pouvez accéder au compte-rendu de l'assemblée générale du 2 mars 2003
Compte-rendu du Secrétaire Général P. Fesolowicz.


Copyright : Les photographies sont extraites de l'album de Bill Atkinson ©

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