Assemblée générale du 9 MARS 2008
Rapport du Secrétaire général Pierre FESOLOWICZ
Chers collègues et amis,
Au cours de l’année 2007 nous avons effectué 44 excursions dont un voyage de 3 jours, suivi 3 conférences, participé à 2 séances de communication, et à 2 séances de présentations libres. Au cours de ces 52 journées d’activités, de nombreux thèmes divers ont été abordés, plus particulièrement dans le sud du Bassin de Paris,ce qui pourrait prêter à réflexion ; quoiqu’il en soit, je vous présenterai aujourd’hui le bilan de nos travaux en fonction de la place qu’ y ont tenu, durant l’année écoulée, les différents Règnes de la nature.
Ce qui regarde la vie végétale représente plus de 60% de nos centres d’intérêts. C’est ainsi que des nombreuses journées de botanique, toutes aussi instructives les unes que les autres, se dégagent des temps forts qui ont rythmé, d’observations intelligentes et réfléchies, les 400 Km parcourus à pied par les Naturalistes.
Pour partir d’un pas décidé, nous commencerons par la journée du 20 mai qui s’est déroulée à Maisse sous la direction de M.FICHET, et au cours de laquelle nous avons pu observer Limodorum abortivum, Melittis melissophyllum ,Scabiosa suaveolens et surtout le très rare Galium tricorne.
A Bois-d’Arcy le 30 septembre, conduits par notre respecté doyen M. FAUVARQUE, en compagnie de Mme PERDEREAU et de M. KONRAT, nous avons revu avec bonheur Hydrocharis morsus-ranae, Dryopteris affinis affinis et Veronica montana.
Les excursions dirigées par M. et Mme PEDOTTI répondent en tous points à des exigences de qualité. Pour s’en convaincre il suffit de constater la fréquentation des journées telles que celle du 17 juin à St Germain-en-Laye, sur les traces d’Henry BOUBY, au cours de laquelle ont été remarqués Carex praecox,Thalictrum minus et Galium pumilum. Egalement celle du 1er juillet à Fontainebleau, à la recherche vaine d’Arenaria grandiflora, aujourd’hui disparue de l’Ile-de-France, que notre regretté président PATOUILLET allait immanquablement saluer. Anthericum ramosum, Spirea hexapetala,Helianthemum umbellatum et Hypochoeris maculata y suppléèrent dans une certaine mesure. Ou encore à Sénart le 2 décembre dans la station de Potentilla montana, et la célèbre lande des Uzelles à Erica scoparia et Viola canina.
Les coteaux thermophiles des proches vallées normandes n’ont pas fini de nous surprendre. En compagnie de M.JOLY le 14 octobre, on pouvait noter Ononis pusilla, Festuca marginata et Koeleria valesiaca. De belles stations d’ Oenanthe fluviatilis et Andryala integrifolia furent visitées. Les innombrables toiles de la petite araignée Linyphia triangularis, révélée par la rosée du matin sur les genévriers, est un tableau d’une rare fraîcheur qui fut apprécié de tous.
Il serait parfois répétitif de passer en revue toutes les excursions botaniques. On peut cependant rappeler que le 18 mars MM. TASSET et LE RUYET dans le bois des Camaldules, nous ont fait connaître Ranunculus bulbosus alae, Scilla bifolia et l’armoise des frères Verlot. Dans la vallée du Thérain le 13 mai, également en leur compagnie, l’observation acrobatique du rare Crepis tectorum marqua cette journée.
Les investigations de MM. ARLUISON et CARLIER, l’une au printemps et l’autre en automne, ont permis d’observer Lathyrus linifolius, Rosa tomentosa dans le bois de Livry, à peine ouvert au public, et Leersia oryzoïdes dans le marais du Lutin. De nombreuses autres bonnes plantes ont été vues cette année, ainsi Draba muralis et Ranunculus chaerophyllos dans la vallée de la Chalouette le 22 avril avec Mrs BOIVIN et DUPUIS ; Ranunculus paludosus à Etréchy le 6 mai en suivant Mlle CHESNOY et M. LE RUYET ; Gentianella germanica à Rosny-sur-Seine le 12 août sous la direction de M. CHABRIER ; Aster linosyris, Veronica prostrata scheereri et Actea spicata localisés dans le bois de la Tour du Lay par MM. BONNEL et LE RUYET le 24 juin, ainsi qu’ Hydrocotyle ranunculoïdes dans la vallée de l’Essonne le 4 novembre ; Hypericum humifusum et Hypericum montanum dans le bois Gautier reconnu le 28 octobre par M. LE RUYET.
Nous avons eu à Rambouillet le 29 septembre la satisfaction de revoir Osmunda regalis, avec pour cortège Thelypteris palustris, Viola palustris et Littorella lacustris repérés par M. BONIN.
Sans que la Loire soit à son niveau le plus bas, M. SORNICLE et Mlle CHESNOY ont su réaliser le 16 septembre en aval d’Orleans, une excursion démonstrative de la végétation des rives.
L’année bryologique a été tout à fait honorable, et dès le 1er avril à Meudon, Mlle AICARDI et moi avons pu attirer votre attention sur Drepanocladus polygamus, Plagiothecium ruthei et Physcomitrium pyriforme. Nous avons encore noté Reboulia hemispherica dans la vallée de la Chalouette, et Hookeria lucens fructifié le 7 octobre à Montmorency. Le 9 décembre à Fontainebleau M. ARLUISON et moi vous avons fait remarquer Microlejeunea ulicina, Scapania gracilis et Tortula papillosa.
Il convient de s’arrêter un instant sur les résultats de l’excursion lichenologique de Mme GUILLOUX et de M. CARLIER qui ont réalisé, le 25 février à Glandelles, un parcours d’une haute tenue scientifique, comme en témoigne entre autres lichens récoltés, Catapyrenium cinereum, Clauzadea metzleri, Solenospora candidans, et surtout Heppia lutosa rare pour la région parisienne. C’est au cours de cette excursion que notre ami ARLUISON nous a fait part de sa redécouverte, la mousse acrocarpe Crossidium squamigerum.
Tout naturellement la mycologie tient toute sa grande place saisonnière dans notre calendrier. Une sérieuse équipe de mycologues, entraînée par M. CHABRIER, contribue avantageusement à nos connaissances en la matière. Le 8 juillet à l’Isle-Adam, il nous a fait observer Lactaria flavidus et Glyphium elatium. Ce jour-là, ainsi qu’à Beynes le 11 novembre, les interventions de M. LAURON ont été très appréciées pour la détermination, tant des macromycètes , que des micromycètes. La forte pluie du 19 août à Armainvilliers nous a gratifié d’une importante poussée fongique, dans laquelle M. FICHET nous a fait remarquer Phaeolus swartzii. N’oublions pas nos correspondants de l’ANVL, MM. MERAL et PERES, toujours disposés à nous guider à travers l’inépuisable massif de Fontainebleau.
La visite du Campus d’Orsay consacrée à la dendrologie, sous la conduite de M. BOCK, fut suivie au mois de juin avec beaucoup d’intérêt et d’attention, car cette discipline s’intègre indispensablement à l’ensemble de nos acquis botaniques.
La géologie a été particulièrement marquée cette année, par notre voyage en Haute Provence. Prévu initialement pour 2008, il avait été suffisamment pensé et préparé par M. MAHE, pour que nous en ayons bénéficié sans attendre. L’approche de la région dans les calcaires urgoniens à Caumont-sur- Durance, les ocres de Rustrel agrémentés du Ciste à feuilles de laurier, les Pénitents des Mées dans les poudingues de Valensole, marquèrent la première des 3 journées d’études de la Pentecôte. La montée au Vélodrome d’Esclangon, la traversée de la clue du Péouré , ont été le temps fort de cette excursion. Ces parcours pédestres, essentiels pour la botanique, ont permis d’observer Fritillaria involucrata, Silene italica, Gladiolus communis et l’Aphyllante de Montpellier. En entomologie, un Ascalaphe et l’Empuse ont été l’objet de toute l’attention que méritent ces espèces méridionales. Digne, avec sa tectonique chevauchante, sa dalle aux ammonites et son musée de la géologie, fut l’épicentre de nos investigations. La visite du jardin médiéval de Salagon, commmentée par M. LIEUTAGUY, clôtura cette excursion remarquable, tant pour son contenu que par l’équilibre et la complémentarité des thèmes abordés.
L’excursion précitée dans la vallée de la Chalouette nous a valu, grâce à M. DUPUIS, de prendre une connaissance précise de l’histoire scientifique du falun de Pierrefitte, un des stratotypes du Stampien, l’étage le plus largement représenté et diversifié dans le sud du Bassin de Paris. Le 26 août avec M. PLUCHON, nous vous avons montré in situ, les formations crayeuses et le calcaire de Château-Landon, qui mériteraient une étude plus approfondie, tant les questions soulevées sont nombreuses.
Les notions de géologie doivent sous-tendre chaque excursion. Aussi nous nous efforçons de faire une présentation de la carte géologique au départ d’un trajet, afin de permettre l’analyse des paysages, de la flore que nous rencontrons, et l’observation des rares affleurements et autres indices, qui sont autant d’éléments solidaires pour mieux s’expliquer un territoire.
MM. MEUNIER et BONIN à Port-aux-Cerises le 3 juin, ont illustré la zoologie en détaillant les formes et la vie de nombre d’espèces d’insectes, d’oiseaux, de batraciens et de mollusques d’eau douce. Ranunculus parviflorus, Equisetum hyemale, Crepis pulchra y ont été observés. L’Histoire, lorsqu’elle a modelé la nature et la science, tient sa place légitime dans nos préoccupations. La visite de la Malmaison le 5 août, du château, du jardin botanique, de la roseraie avec l’appui des planches de REDOUTE, étaient l’aboutissement d’un long travail d’étude et de préparation. Tout naturaliste soucieux des aspects culturels de nos excursions, doit prendre exemple sur nos deux conférencières Mmes LAZARD et DHERBECOURT.
La journée du 25 mars fut consacrée à Paul JOVET et à Camille FLAMARION. M. BONIN nous a conduit à travers Athis-Mons et Juvisy, de la maison de Paul JOVET à son jardin parfaitement entretenu par Mme Renata MORDENTE. Ce nous fut l’occasion d’évoquer ce savant botaniste du Museum, membre des Naturalistes Parisiens. Scrophularia vernale, Tulipa sylvestis, Petasites fragrans ont jalonné cet émouvant parcours.
L’année avait commencé le 14 janvier par la conférence de M. MAHE, nécessaire à la compréhension des cadrans solaires, en vue de l’excursion deux semaines après dans le 5e et 6e arrondissement. Ce parcours nous a ouvert les portes de grandes institutions parisiennes, donnant à la journée un intérêt complémentaire. Ces aspects de l’évaluation du temps, ainsi que la conférence sur la lune et les planètes de MM. BRIAND et TROCHET le 11 février , nous rappellent que l’astronomie fait partie des sciences naturelles. Sans quitter Paris, le 21 janvier, M. COCHET nous a organiser, dans le 19ème arrondissement, une journée originale durant laquelle la pluridisciplinarité était présentée par de nombreux intervenants, dont le mathématicien Georges GRISO, démontrant tout ce qu’un trajet même limité peut comporter d’ intérêt.
A Montreuil-sous-Versailles le 21 octobre M. DUPUIS, M.et Mme PEDOTTI ont bien souligné le rôle majeur de ce Versailles méconnu, dans la diffusion du savoir botanique et du savoir-faire horticole. Avec le jardin de Mme ELISABETH et la maison de Louis Guillaume LEMONNIER, l’évocation du passé à travers les noms et les monuments, fut un bel exemple de ce qu’un esprit curieux demande pour compléter la simple observation. Il en a été de même le 15 décembre avec M. BOIVIN et Mlle CHESNOY concernant le village de Montceau-Batignolles.
Le succès de ces excursions
parisiennes tient non seulement à leur proximité, mais surtout à la
richesse, ainsi qu’à la variété et à la densité des sujets abordés.
Le nom des lieux introduit l’objet étudié. Le jour de notre assemblée générale, la conférence de Mme MULON relative à la toponymie, nous a bien montré de manière fort vivante, combien les faits de l’histoire naturelle peuvent s’éclairer en fonction des étymologies et des traditions populaires.
Il me reste à remercier comme chaque année, plus particulièrement Mlles LAURENT et CHESNOY, Mrs BOIVIN, BONNEL et KONRAT, qui ont en charge tant d’aspects essentiels du quotidien de l’association.
Pour conclure, je me référerai à la journée du 18 novembre à La Ferté-sous-Jouarre, perturbée par la grève des chemins de fer. Nous avons bénéficié du savoir d’un géologue, au surplus chimiste, capable d’entrer dans les mécanismes intimes de la genèse des roches, en particulier siliceuses. De même que la silice précipite dans un environnement apparemment hostile, les Naturalistes savent s’organiser malgré les difficultés fortuites, lorsqu’ils ont à faire à un brillant esprit scientifique, pour qui la diffusion généreuse du savoir reste un but essentiel de la vie associative. Il y a là une volonté dont ont fait preuve les collègues venus écouter M. Médard THIRY , pendant ¾ d’heure sans bouger, au milieu de cette spectaculaire carrière de l’Hermitage, par près de zéro degré. Durant ce captivant exposé, il m’a fallu à la fois prendre des notes écrites, enregistrer les paroles de notre conférencier, le suivre dans ses explications, et prendre suffisamment de recul pour épiloguer.
Si aujourd’hui nous nous sentons en accord avec l’esprit de don, qui est celui des Naturalistes Parisiens, nous le devons à notre président M. DUPUIS , qui suscite chez chacun d’entre nous une éthique de dépassement, à tel point que cette excursion du 18 novembre, comme celle de Versailles du 21 octobre, autre jour de grève, a fonctionné d’une façon remarquable. Reste qu’il y a probablement plus de circonstances exceptionnelles ou difficiles, que de personnalités pour inciter à les surmonter. Mais ceci est une autre histoire qui nous écarterait beaucoup de nos modestes et légitimes désirs de bien faire et de mieux faire, en cultivant notre jardin.
Par ce lien, vous pouvez accéder au compte-rendu de l'assemblée générale du 11 mars 2007
Compte-rendu du Secrétaire Général P. Fesolowicz.
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Copyright : Les photographies sont extraites de l'album de Bill Atkinson ©