Chers
collègues et amis
Au cours de l’année 2008 nous
avons effectué 41 excursions dont un voyage de 3 jours, 2 visites, suivi 3 conférences,
1 séance de communication, et 2 séances de présentations libres.
Ceci représente au total 51
journées d’activités. Cette année encore plus de la moitié de nos
excursions se sont déroulées dans le sud
du Bassin de Paris. Par contre nous avons mieux veillé à l’équilibre
des disciplines au profit de la
mycologie par exemple. Reste que la botanique tient toujours une place
de choix au sein de notre association,
et c’est donc par elle que je commencerai le bilan de l’année écoulée.
Urbanisation
et rudéralisation ne
signifient pas automatiquement pauvreté. C’est bien ce qu’a voulu prouver M. TASSET lors
de notre dernière assemblée générale avec sa conférence sur la végétation de St Denis. Et
c’est aussi ce que nous ont permis de vérifier MM. PEDOTTI et LE RUYET dans la forêt de Bondy
le 7 juin, en nous montrant Falcaria
rivini, Ophioglossum vulgatum et Carex
tomentosa. De même le 17 mai, dans le Bois de Boulogne,
M.TASSET et Mme PERDEREAU nous faisant
remarquer Petasites officinalis, Fragaria
viridis et un bel arbre
exotique Eucommia
ulmoïdes.
Enfin
à Piscop le 7 septembre notre vigilant collègue nous révélait la
belle station de Potentilla
Norvegica .Ainsi des
collègues éclairés ont ils pu nous
persuader qu’il existe encore beaucoup de choses
intéressantes à nos portes.
Le
25 mai dans le Bois du Chênet
près de Maisse, sous la direction de MM. BONNEL et LE RUYET, nos regards se sont
portés sur Trifolium striatum, Asperula
tinctoria et Genistella sagittalis.
Malesherbes reste une station
importante pour la botanique. Le 15 juin dans une excursion riche et variée, avec M. et
Mme PEDOTTI, nous avons bien noté entre autres, Crassula
vaillanti,
Thalictrum minus, Artemisia campestris,
Osmunda regalis, Polypodium mantoniae et
Erodium
aethiopicum sous
espèce pilosum décrite
par THUILLIER.
Dans
ces vallées méridionales,
le 13 avril à Etrechy, Mme DHERBECOURT nous a instruit d’un bel ensemble
floristique comprenant Veronica montana,
Scilla bifolia, Ranunculus
paludosus et
Euphorbia
dulcis.
Le
20 avril à Jambville, dans le
parc du château, avec M. KONRAT, la
présence d’ Evonymus
latifolius et
Buplevrum fruticosum complétèrent
l’observation de l’intéressante station de Scrofularia
vernalis, unique en Ile-de-France.
M.
BONIN le 4 mai, avec un souci
d’équilibre entre un intéressant aspect historique de Montfort l’Amaury, et un
enrichissant trajet en forêt, pointa Veronica
montana et Ranunculus
flammula forme
ophioglossifolia. Le 1er
juin, sa collaboration avec M. MEUNIER nous valut la touchante
visite de la maison d’ALPHONSE DAUDET à Champrosay, et un circuit en forêt de Senart
avec l’observation de Platanthera bifolia
et Genista anglica.
Nos
dioscures Michel
ARLUISON et Gabriel CARLIER, le 29 juin
et 21 septembre, illustrent parfaitement la
symbiose entre notre association et les Naturalistes de la Vallée du Loing. Le meilleur de la
botanique nous fut alors offert. Soulignons le bénéfice que chacun peut tirer d’une association
dont le président, M. CARLIER, est à la fois botaniste, géologue, et lichénologue.
Le
24 août, sous la direction de M. LE
RUYET, nous avons visité l’arboretum de Chèvreloup. Le 27 avril, aidé
de Mme PERDEREAU pour la visite de l’église de St Sulpice-de-Favières et de Mlle BEUTIN,
il nous avait déjà conduit dans l’arboretum de Segrez, et cela avait
été pour nous l’occasion
d’évoquer Alphonse LAVALLEE, et son ami Marcel PROUST.
La dendrologie est à la
fois
un complément indispensable à la botanique, et un outil
permettant de faire des
investigations à travers les parcs et jardins parisiens, en
l’occurrence celui
de Montsouris le 9 février, sous
la direction de MM . FAUVARQUE et
KONRAT,
et de Mme PERDEREAU. De même le 4
octobre lors de la visite du parc de la Cité Universitaire, avec M. BOIVIN, où nous avons pu
observer non seulement des arbres, mais aussi Eleusine
indica, Polypogon viridis
et Diplotaxis muralis.
Des
nombreuses excursions
dirigées par M. CHABRIER, 6 précisément, il faut retenir le caractère polyvalent
souhaité par l’Association, car elles jettent un pont entre la botanique, la mycologie,
et bien d’autres disciplines. Ainsi à St-Germain-en-Laye le 23 mars, notre ami, accompagné
de M. LAURON, nous a fait observer Leonurus
cardiaca ,Doronicum
plantagineum et
Salix fragilis.
Une station nouvelle de Nepeta
cataria, repérée par M. DECLARENS clôtura
cette riche journée d’étude. Le 20 juillet à Nemours, en compagnie
de Mme DHERBECOURT, après
une
visite du musée de la Préhistoire, M. CHABRIER nous a mis sur le chemin de Pirola
umbellata. Le 22 juin en forêt de
Retz, en complément du savoir de Mlle CHESNOY, notre organisateur
nous a fait observer Cynoglossum
germanicum, Catabrosa aquatica
et Stachys alpina. A Rambouillet le 17
août, toujours sous sa direction, au long d’un parcours agrémenté de Gentiana pneumonanthe, Radiola linoïdes et
Stellaria glauca, dans une saison propice à l’observation
des insectes, le concours de Mme VERBECK fut très apprécié et
nous valut la rencontre de Ruspolia nitidula, sauterelle protégée
en Ile-de-France.
Le
16 novembre l’excursion de
M. LAURON, s’est distinguée par sa variété mycologique, mais nous avons également
remarqué Helianthemum umbellatum et Erigeron
acris.
Au
palmarès des excursions
mycologiques, qui ont représenté 18 % de nos activités cette année, MM. MERAL et PERES ont
ajouté 4 journées d’observation, contribuant à animer les indispensables liens amicaux
que nous entretenons si volontiers avec nos collègues de Fontainebleau.
Pour clore ce chapitre,
soulignons l’exposé clair, original et pratique de M. CHAMPAGNE lors de
notre séance du 26 janvier,
sur les champignons toxiques et leurs sosies.
La lichénologie vient enrichir
naturellement la mycologie. Le 22 mars à Fontainebleau, sur les Hauteurs de la Solle et
dans la réserve naturelle du Gros Fouteau, Mme GUILLOU et M. CARLIER nous ont montré bon
nombre d’espèces de lichens dont Cladonia
incrassata et le rare Thelotrema
lepadinum.
Le
30 novembre, dans une
journée réunissant les lichénologues et les bryologues, MM. ARLUISON, CARLIER et
moi-même, vous avons présenté, dans la Vallée Jauberton, Grimmia
torquata, Homalothecium sylvaticum,
Brachythecium populeum et plumosum,
les rares Sematophyllum
demissum et Rhodobryum
roseum.
C’est avec émotion qu’il
convient d’évoquer la dernière excursion de Mlle AICARDI, décédée le 11
juillet. Sa disparition est une grande perte pour la bryologie française et pour nos associations.
Le 6 avril dans le bois de Verrières, qu’elle connaissait parfaitement, notre regrettée
amie nous a fait observer Fissidens
exilis, mais aussi Paris
quadrifolia,
et Doronicum
plantagineum. Nous n’y avons pas retrouvé Gymnocolea
inflata qu’elle avait
signalée autrefois sur la Route des
Muguets. Ceci illustre bien sa contribution irremplaçable à l’étude de
la Région Parisienne, qu’elle
n’avait jamais cessé d’enrichir depuis près de 20 ans.
L’excursion
annuelle de 3 jours
qui s’est déroulée dans le Cotentin les 10,11 et 12 juin fera la transition avec
la géologie. MM. BOCK, JOLY et SAGON ont présenté avec talent et précision une région héritée
de l’Antécambrien et du Paléozoïque. Ainsi avons nous pu observer sur Cambrien métamorphique Equisetum sylvaticum, Chrysosplenium
oppositifolium , et sur
les Grés Armoricains du Mesnil-au-Val, Hymenophyllum tunbrigense. Sur les
falaises schisteuses de Carteret, Limonium
occidentale et
Asplenium
billotii. Dans la dune de St-Jean-la-Rivière, adossée aux remarquables stromatolithes
du Cambrien, Parentucella latifolia.
Une éblouissante floraison de Crambe
maritima
nous conduisit aux
énormes pegmatites
cadomiennes des granites rouges de la pointe de Jardeheu. Une étude
intéressante et détaillée du massif intrusif hercynien de Flamanville nous a fait entrer dans les
mécanismes du métamorphisme de contact, et valut de récolter des échantillons de cornéennes et
des galets à grenats. Les 2 millard d’années que représentent les
gneiss du Nez de Jaubourg, suscitent
des éléments de réflexion sur le temps, qui s’ajoutent à cette remarquable excursion, et que
chacun peut poursuivre en examinant ces roches, les plus anciennes de
France.
Le
12 octobre dans une excursion
remarquable, au cours de laquelle la puissance et le caractère universel du
Lutétien traduisait parfaitement le rayonnement scientifique de Charles POMEROL, Mme PEDOTTI
a bien souligné l’importance de son œuvre géologique capitale pour l’étude du Bassin de Paris.
Durant cette riche journée, du Cuisien à l’Auversien, bon nombres d’étages et de faciès ont été
visités. De la pierre à Liards, aux sables fossilifères, en passant par
l’impressionnant calcaire
grossier de St-Vaast-lès-Mello, nous avons tous senti la chance que ce
patrimoine lithologique si
divers représente pour les Naturalistes Parisiens. De cette diversité
et de son
modelage sous un climat
tempéré découlent des formes du relief et de la couverture végétale,
dont il est de notre devoir de
bien comprendre la dynamique.
C’est
cela même qu’ont voulu
illustrer M. BONNEL et Mlle CHESNOY, en organisant la journée du 28 septembre dans
le Pays de Bray. Cette boutonnière à moins de 100 Km de Paris permet de remonter jusqu’au
Jurassique. Ce jour-là nous avons examiné avec joie Gentianella
germanica et Parnassia
palustris.
Le
23 novembre M. THIRY,
avec la maîtrise que nous lui connaissons, nous a exposé les mécanismes conduisant à
l’élaboration des champs dunaires de Fontainebleau, ainsi qu’au façonnement
des structures gréseuses.
Mme
LAZARD, à qui nous
devons des visites estivales de grande qualité, a organisé la journée du 3 août autour du
parc et du château de Dampierre. Nous y avons salué Impatiens
glandulifera
et
Chrysosplenium oppositifolium. Les
allées du château ouvraient une voie royale au prospère et fécond Marchantia
polymorpha.
Pour
rester dans la note
historique, soulignons que le 26 octobre, sous la direction de M. BONIN et Mme PERDEREAU, nous
avons été impressionnés par le trésor de l’abbaye de Longpont- sur-Orge, contenant 1500
reliques. Fumaria muralis et Ceterach officinarum complétèrent cette journée marquante.
La visite du Musée Dupuytren le 16 février,
organisée par M. AUDUBERT, aura été pour nous l’occasion de nous
familiariser avec les collections d’anatomo-pathologies et de
tératologie, et
de réfléchir aux bases même de
ces sciences. La conférence de M. CASTANET le 3 février, sur l’évolution du squelette chez
les vertébrés, nous a fait pénétrer dans le domaine de l’anatomie comparée, science qui à bien
des égards, a précédé et explique la tératologie. De même, nous avons bien compris l’énergie
édificatrice soulignée par M. MEUNIER le 6 décembre à l’aquarium de la
Porte Dorée, concernant en
particulier les coraux bâtisseurs d’univers et de mondes qui ont
précédé la conquête des continents.
Il me faut encore remercier tous
ceux qui apportent leur contribution au bon fonctionnement de
l’Association comme par exemple Mlle LAURENT, qui fournit dans l’ombre un travail
remarquable.
Ma
conclusion s’appuiera
sur l’excursion qui ouvrit l’année le 12 janvier, et qui avait trait au livre. M. DUPUIS et Mme
PEDOTTI nous ont guidés dans l’immense univers de l’écrit. Lorsque nous consultons des ouvrages,
nous avons leurs auteurs en mémoire, et bien souvent nous négligeons à tort, tout le travail
d’amont :
impression, édition, commerce de la librairie. Nos guides ne
négligèrent aucun de ces aspects
fondamentaux, aussi bien en ce qui concerne l’Histoire Naturelle, que
la
culture scientifique et générale. Et
tout ceci fut vécu dans les limites du 6ème
arrondissement, lieu emblématique du rayonnement
intellectuel de notre capitale.