LES NATURALISTES PARISIENS

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75005 PARIS

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Assemblée générale du 14 MARS 2010 
Rapport du Secrétaire général Pierre FESOLOWICZ

Chers collègues et amis

          Durant l’année 2009 nous avons effectué 43 excursions dont un voyage de 3  jours. Nous avons également participé à 1 visite, suivi 3 conférences, 1 séance de communication, et 2 séances de présentations libres. Ceci représente au total  52  journées d’activités.

                Leur diversité, leur fréquence hebdomadaire, notre position géographique, ont permis d’entretenir des relations amicales avec bon nombre d’associations. Ceci est un gage pour la pérennité de nos activités et des leurs, dans la perspective d’un maintien, voire pourquoi pas, d’une relance de l’intérêt porté à l’Histoire naturelle. Il demeure cependant quelques efforts à faire en direction de certains secteurs, tant géographiques que disciplinaires et relationnels.

                La botanique, point  fort de nos études, reste une excellente carte de visite auprès des associations sœurs, et c’est donc  par elle naturellement que  je commencerai le bilan de l’année passée.

 C’est à travers la forêt fleurie de l’Ouye, que MM. Boivin et Le Ruyet nous ont révélé le 5 avril, la plus remarquable station d’Isopyrum thalictroïdes de la Région Parisienne. Le 26 avril à Marly MM. Bonnel et Le Ruyet ont vérifié la pérennité de la station d’Equisetum variegatum, et celle d’Oreopteris limbosperma, fougère rare au pied de laquelle prospère une discrète hépatique, Solenostoma crenulatum. Ces mêmes collègues savent judicieusement mettre à profit les écrits laissés par nos prédécesseurs. Le 21 juin en forêt de Notre-Dame, ils nous ont conduits à travers les stations mentionnées par M.Patouillet, en y reconnaissant Genista anglica, Erica tetralix et Cicendia filiformis, puis En Forêt de Montceau le 27 septembre en y retrouvant Senecio fuschsii.                   

                   Boutigny-sur-Essonne est particulièrement fréquenté par nos botanistes. Ses milieux humides et stations thermophiles calcicoles, en font un lieu de choix pour l’étude des séries de végétations. M. tasset nous en donna un aperçu le 17 mai, avec de nombreuses espèces de géranium, dont le géranium sanguin caractérisant la chênaie pubescente. Le 7 juin, M. et Mme Pedotti y ont noté entre autres, Thalictrum flavum, Sonchus palustris, Euphorbia esula sous-espèce tommasiniana dans les bois marécageux, et Anthericum liliago, Filipendula hexapetala, Peucedanum Oreoselinum et Carex halleriana à la lisière des bois calcicoles.

                La journée du 14 juin est restée dans la même ligne car à Ezy-sur- Eure M. Joly n’a pas manqué de nous faire partager le résultat de ses fructueuses recherches : Koeleria valesiaca, Scorzonera austriaca, la seule station normande de Reseda phyteuma, et le très rare Lathyrus sphaericus signalé à la Belle Epoque par Gaston Bonnier.

              Le voyage d’étude en Picardie soigneusement élaboré par M. Wattez, fut suivi par une vingtaine de participants, particulièrement émus par la visite des champs de bataille de la Grande Guerre. Ces deux journées du 19 et 20 septembre, ont été denses et riches comme en témoigne la flore des coteaux calcaires présentée par M. Hauguel, ou celle du bord de mer exposée par le Professeur Gehu. Sisymbrium supinum, Polygonum raii, Baldellia ranunculoïdes, Centaurium pulchellum, Hordeum marinum et Artemisa maritima n’en sont qu’une illustration succincte. Ajoutons la visite à Bazentin du monument lamarck , précurseur de l’Evolution. Remarquons à ce sujet que le bicentenaire de la Philosophie Zoologique a été tristement occulté par les médias durant cette année Darwinienne. Les illuminations de la cathédrale d’Amiens complétèrent l’aspect culturel d’une grande excursion bien organisée. 

              D’autres observations méritent d’être passées en revue, comme la belle station d’Helleborus viridis sous-espèce occidentalis à Noisiel le 19 avril, sous la direction de Mlle LE BERRE et de M. KONRAT. Egalement Actea spicata le 16 août à Champagne-sur-Oise en compagnie de M. CHABRIER. Le 23 août à Cesson, après le passionnant exposé de M. DE GUERRA sur l’histoire de la station de radio de Sainte Assise, nous avons observé un intéressant peuplement de Lithospermum purpureo-caeruleum. Le 18 octobre en Forêt de Carnelle, dans un parcours pédologique démonstratif, Mme Pedotti nous a fait observer Dryopteris affinis sous-espèce borreri, et Hypericum androsaemum retrouvé par Mme Ducreux. Enfin le 28 juin à Fontainebleau, MM. ARLUISON et CARLIER ont noté Phyteuma orbicularis, Genista pilosa et Ononis pusilla.

               Pour être complet quant à la botanique, soulignons que l’excursion du 4 octobre est un bel exemple de complémentarité disciplinaire. MM. LAURON et TASSET se sont donné beaucoup de mal afin de choisir un des meilleurs itinéraires didactiques de la  Forêt de Senart, avec pour mission de nous instruire sur son riche ensemble floristique : Scirpus setaceus, Lathyrus linifolius variété linifolius, Gentiana pneumonanthe, Exaculum pusillum, l’admirable Pilularia globulifera, et parmi les champignons les plus intéressants, Inonotus rheades, Inonotus radiatus et Microsphaera syringae-japonica.

                      La place de plus en plus importante accordée à la mycologie, tient au fait que dans ce domaine nos instructeurs font preuve d’un travail sérieux. Qu’ils soient parisiens comme MM. LAURON et CHABRIER ou Mme TANASKOVIC, ou encore bellifontains tels MM. MERAL et PERES, tous veillent à des démonstrations recherchées. Ainsi de L’Isle-Adam à Fontainebleau, ils nous ont donné à observer de nombreuses espèces, comme par exemple le 8 novembre dans le bois des Courtilleraies, où nous avons étudié entre autre : Clitocybe alexandri, Callistosporium elaeoades, Cortinarius caerulescens, et Entoloma chalybaeum variété lazulinum. En Forêt de St-Germain le 3 mai, les participants furent récompensés par une impressionnante poussée de morilles, Morchella rotunda. Soulignons que les conditions météorologiques aléatoires des poussées fongiques rendent parfois difficile les efforts de nos guides.

               Cette année la dendrologie a connu un regain d’intérêt à travers trois excursions : celle consacrée aux conifères que conduisait M. BOCK le 1er mars à Orsay, la seconde à Franchard le 9 août avec M. KONRAT au cours de laquelle Mme Beaudouin nous montra une curieuse punaise récemment introduite d’Amérique du Nord, Leptoglossus occidentalis. La visite du parc de Bagatelle, sous la direction de MM. SOUESME et LE RUYET, fut l’occasion d’évoquer Charles Darwin dans une passionnante exposition qui compléta fort bien cette féconde journée consacrée aux arbres d’ornement.

                L’excursion annuelle de lichénologie dirigée par M. CARLIER et Mme GUILLOUX le 15 mars, s’est déroulée sur les bords de la Seine près de Fontainebleau. Le trajet visait à retrouver le Lobarion décrit par J.C.BOISSIERE. Enterographia crassa, Bacidia rubella et Normandina pulchella furent observés, ainsi que la rare prêle Equisetum x moorei.

                Venons en maintenant aux Sciences de la terre. Le Lutetien fossilifère de Damery nous donne un aperçu de l’enthousiasme que procurait, à partir du 16 ème siècle, la constitution d’un cabinet de curiosités, lorsque la réflexion sur l’origine des temps confrontée à l’observation,  préoccupait déjà les esprits. En ces lieux historiques, les premières approches paléontologiques ont une résonnance qu’il nous appartient d’entretenir au gré d’excursions comme celle du 29 mars, dirigée par Mlle CHESNOY, M. PERREAU et moi-même. La visite de la cave aux coquillages qui s’ensuivit à Fleury-la-rivière, parmi les Campanile giganteum, les « Grandes Limaces » comme les nommaient Bernard PALISSY en son temps, a donné à cette journée une prestigieuse dimension, solidement appuyée par l’Histoire des Sciences.

              La géomorphologie n’a pas été en reste. L’excursion de M. THIRY du 22 novembre dans la Forêt de Fontainebleau avait pour but de nous faire comprendre la genèse de la vallée sèche de Boissy-aux-cailles, à travers les phénomènes périglaciaires qui l’ont façonnée. Le trajet pédestre fut à la fois bucolique et enrichi des nombreux commentaires scientifiques de qualité, auxquels notre guide est fort attaché.

                 Notre voyage d’étude en Limagne, à l’initiative de Mlle SANTARELLI, nous a familiarisé avec les stromatolithes et le volcanisme ; ce dernier moins spectaculaire que celui de la Chaîne des Puys, se  présente sous plusieurs formes : maar du plateau de Gergovie, lac de laves d’Usson, lahar du plateau de Perrier. Entre ces témoins d’événements catastrophiques, se sont insérés au cours de notre itinéraire, ceux des épisodes géologiques plus calmes, comme ceux qui ont élaboré les stromatolithes de Jussat, fossilisant les remarquables fourreaux de phryganes. Mais le plus émouvant fut d’observer aux sources de Ste-Marguerite et de Saladis, des formations actuelles semblables. Bel exemple de pédagogie, d’équilibre et de continuité des disciplines.

                Poursuivons maintenant avec la zoologie. Le succès de l’ornithologie tient beaucoup à ce qu’elle offre des activités hivernales appréciées de tous, comme ce fut le cas à Créteil le 10 janvier, ou encore à Vincennes le 14 février. Les lacs de Viry-Grigny, buts de l’excursion du 22 mars, recèlent une faune aquatique  que nous présentèrent avec maîtrise MM. MEUNIER et BONIN. Larves d’insectes, planaires, hydres, gastéropodes, crustacés, poissons, auxquels se sont ajoutés différentes espèces d’oiseaux, ont été observés durant cette journée  opportunément vouée à la zoologie, sans pour autant que soit négligée la botanique, ainsi qu’en fait foi l’observation de Diplotaxis muralis et Diplotaxis viminea.

                 Le 26 juillet dans le Parc de St-Cloud , les naturalistes ont examiné quantité d’insectes dont la sauterelle Meconema thalassinum. Très notable aussi fut notre trouvaille de Spongilla lacustris, éponge d’eau douce séjournant dans une goulotte du château de St-Cloud. Cette journée avait été soigneusement préparée par Mlle VERBECK et Mme BEAUDOUIN, tant en ce qui concerne la zoologie que l’Histoire. L’itinéraire particulièrement bien élaboré nous conduisit au rare Dactylis polygramma.

                La visite du Musée Fragonard à Maisons-Alfort clôtura nos activités le 12 décembre. De nombreux collègues prirent part à cette manifestation, durant laquelle M. MEUNIER eut soin de nous présenter le cheminement des connaissances anatomiques au cours des siècles, ainsi que leurs techniques souvent artistiques de représentation.

        Ceci me conduit à évoquer l’histoire au sens large, cadre culturel, économique et social, très déterminant de nombreuses formes et applications  des savoirs. L’attention qu’à ce titre nous accordons à cette discipline représente près de 20% de nos activités, que ce soit visites, conférences, et bien entendu excursions. A cet égard nous devons saluer l’importante contribution de Mlle LE BERRE. Notre collègue nous a en effet introduits, à une connaissance très précise, dans 4 localités différentes. Tout d’abord à Noisiel en retraçant l’historique de la chocolaterie MENIER. Puis à Moret-sur-loing, où nous avons fait une visite méthodique et complète de la ville, avec pour temps fort l’examen de la façade de la maison Nicolas CHABOUILLE, dite François 1er. Dans la vallée de la Bièvre sur les traces d’OBERKAMPF et ses toiles de Jouy. Enfin à Boulogne à travers les parcs Albert-Kahn et Rothschild.

                    Dans le même esprit il convient de retenir la remarquable excursion du 2 août à Ecouen, qui a non seulement consisté à détailler la ville, le château et le Musée de la Renaissance, mais qui nous a valu de la part de Mme LAZARD, une description géomorphologique détaillée des paysages vus de la terrasse du château. Ce bel exemple d’un dépassement de ses compétences antérieures, est assurément à suivre par tout naturaliste soucieux d’un enrichissement personnel au service de tous.

                     Reste encore à souligner deux intéressantes journées. Tout d’abord celle du 12 juillet, au cours de laquelle Mme PERDEREAU nous a ouvert les portes de l’église du Val St-Germain, afin de nous faire découvrir pour la première fois sans doute, une étonnante collection de souches. Enfin celle du 7 février, où Mme MEUNIER nous a fait cheminer au coeur des 9eme et 10eme arrondissement de Paris, dans les passages couverts aux architectures riches et originales.

                   Nos conférences se sont ouvertes le 18 janvier par la remarquable intervention de Mme CALLEN sur le grand botaniste ADANSON. Elles se sont terminées le 8 mars, jour de notre assemblée générale, avec un brillant exposé, vivant, naturel et anecdotique de M.DE WEVER sur Jean Etienne Guettard, botaniste et géologue d’exception.

                    Au terme de cette revue, je tiens à remercier notre secrétaire général adjoint Mlle LAURENT, et notre président M. DUPUIS qui ont le souci de tous les aspects pratiques, intellectuels, amicaux et moraux de la vie de l’association. Cela s’entend aussi bien du fichier que de la mise en forme des convocations, tant de la rédaction de nos cahiers, que de l’organisation de nos réunions, le tout avec beaucoup de vigilance quant à l’accomplissement ponctuel des tâches de tous les responsables.

                 Nous devons également remercier M. Pierre-Loïc Fauvarque pour la création et la maintenance depuis plusieurs années, de notre site internet.

                 Il me faut encore conclure. Pour cela je m’appuierai sur le thème fondamental  « Paléontologie et Evolution » qui nous avait réunis nombreux le 1er février, à l’écoute de la brillante synthèse de Mme GAYET. Notre conférencière nous a montré combien, au cours de l’histoire de nos sciences, les idées sur ce sujet se sont affinées, par des discussions toujours plus enrichissantes. Telle est par exemple la réinterprétation de la faune fossile de Burgess  grâce à l’anatomie comparée, illustrant les notions de disparité et de contingence. Ces débats de fond conduisent à prendre en compte les moyens de l’esprit humain à la recherche d’une compréhension des objets et phénomènes de la nature. Une telle quête ne peut rester intuitive et doit s’élever à un approfondissement constant, quotidien et soutenu des inventaires, analyses, comparaisons, classifications que l’histoire Naturelle nous apporte à foison, comme autant d’aliments de l’intelligence.

                  Cette formule figure en toutes lettres dans l’invitation de nos programmes à rejoindre l’association. Il était donc tout indiqué qu’en guise de conclusion j’insiste sur ce point, et je vous remercie de l’attention que vous m’avez prêtée.

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Copyright : Les photographies sont extraites de l'album de Bill Atkinson ©

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