LES NATURALISTES PARISIENS

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75005 PARIS

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Assemblée générale du 10 MARS 2013
Rapport du Secrétaire général Pierre FESOLOWICZ

Chers amis et collègues,

          Au cours de l’année 2012 nous avons effectué 43 excursions, dont un voyage de 4 jours, 1 visite, suivi 3 conférences, participé à une séance de démonstration et une séance de présentations libres. Ceci représente au total 52 journées d’activités, mises en œuvre par une quarantaine de collègues diligents.
Ce bilan souligne une fois encore, que la botanique reste notre centre dominant d’intérêts, avec près de 40% de nos activités, devant la mycologie et l’Histoire. Je vous le présenterai dans l’ordre d’importance que chaque discipline a occupé durant l’année écoulée. Un effort particulier a été porté par nos collègues pour élever la fréquence des investigations dans le nord du Bassin de Paris.

      Quant aux plantes supérieures de la région parisienne, la saison a débuté le 20 mars à Sermaise. Sous la direction de Mme PERDEREAU et de M. BONIN, nous y avons observé Isopyrum thalictroïdes et Hippuris vulgaris. La géologie de ce secteur fut méthodiquement exposée par M.SAGON.

     Dans la vallée de l’Yvette, le 22 avril, avec M. BOCK, nous avons noté deux plantes introduites, Umbilicus pendulinus et Sporobolus indicus. C’est avec un constant intérêt que nous avons parcouru ce jour-là le Campus d’Orsay, qui se prête admirablement aux études dendrologiques.

     Sous la conduite de M. TASSET, le 6 mai, en Forêt de Coye, nous avons vérifié la pérennité de la station de la très rare Anemone ranunculoïdes, tout en montrant, Melica nutans et Carex digitata.

     Le 20 mai, à Guerville dans le Mantois, MM. BONNEL et LE RUYET ont découvert une station non signalée d’Astragalus monspeliensis. Nous avons également observé Scandix pecten-veneris et Lotus maritimus.

     A la Pentecôte, les Alpilles ont apporté leur lot de plantes méridionales; nous avons observé Ruta montana à la Chapelle St Sixte, seule station connue dans les Alpilles, Pannonica argentea et Sideritis romana. A Notre-Dame de Beauregard Opopanax chironium a été noté; à Lamanon Ononis pubescens; à Barbegal Asplenium petrarchae et Festuca serotina; au plateau de la Caume Teucrium flavum et Genista pulchella. Enfin à Mejanes en Camargue nous avons observé une belle végétation de la sansouire, avec Sphenopus divaricatus, Parapholis incurva, Parapholis piliferus, et Buplevrum semicompositum.

     Sous la houlette de notre vice-président M. KONRAT, le 17 juin, à Chantilly, nous avons revu Geum rivale; Carex depauperata y fut trouvé par M.TASSET.

     A Compiègne, le 26 août, en compagnie de MM. BONNEL et LE RUYET, nous avons vu Gentiana cruciata, Dianthus deltoïdes, Ulmus laevis, la variété remillyensis de Fagus sylvatica rarement plantée. Notons que Genista anglica fut notée le 9 septembre en Forêt de Notre-Dame par nos deux amis.

     Le 2 septembre, à Montmorency, M.TASSET, en compagnie de M. LAURON, a montré une deuxième station de la curieuse hépatique Trichocolea tomentella, ainsi que Samolus valerandi et Epilobium ciliatum. Le 11 novembre à Sénart, c’est également avec eux que le suivi de la station de Menyanthes trifoliata et Eriophorum vaginatum s’est révélé d’un grand intérêt.

      Lors de l’excursion du 30 septembre dans les Grands Bois du Marais, sous la conduite de Mmes PERDEREAU et GELIOT, notre ami CHABRIER a su remarquer la présence de Gnaphalium sylvaticum.

     Le massif de Fontainebleau, de par son unité géologique, essentiellement stampienne, déborde largement la forêt. Il mérite une attention toute particulière que nous allons tenter de mettre en lumière. En raison d’un mélange d’éléments thermo-xérophiles et d’éléments submontagnards, il est le lieu privilégié des botanistes. Une dizaine d’excursions y ont été menées.

    Tout d’abord le 18 mars au Rocher d’Avon, avec Michel ARLUISON, nous vous avons fait voir la rare mousse Sematophyllum demissum. Le 18 novembre dans le parc des Pressoirs du Roy à Champagne-sur-Seine, prestigieuse demeure témoignant d’une activité viticole aujourd’hui disparue, nous avons relevé entre autres Bartramia pomiformis. Etudiant sans relâche cette incomparable flore, notre infatigable collègue, en compagnie de M. MERAL, nous a encore fait observer, le 1er juillet au Mont Pierreux, parmi de nombreuses espèces, Hypericum montanum, Epilobium montanum, Filipendula hexapetala et Ranunculus paludosus.

     Le 3 juin, M. et Mme PEDOTTI, soucieux de nous faire observer ce qu’il y a de mieux en ces lieux, nous permirent de noter Rosa tomentosa, Cynoglossum officinale, Lathyrus niger, Ranunculus gramineus, Ranunculus nodiflorus, Phyteuma orbicularis et Illecebrum verticillatum. C’est toutefois sous une pluie diluvienne le 14 octobre dans la Vallée du Loing, que nous avons examiné en leur compagnie Thalictrum flavum et le rare Potamogeton lucens.

     Notre collègue Guillaume DOUAULT sait parfaitement nous intéresser tant à la flore qu’à la faune. Ainsi à Gironville, le 13 mai, avons-nous vu Spergula morisonii, Helianthemum apenninum, Crepis sancta et Limodorum abortivum, que fréquentait une faune entomologique fort diverse. Il nous a montré également Scabiosa suaveolens et Ononis pusilla, le 16 septembre, dans le Bois de Malabri.

     La journée du 5 août, à l’initiative de Mmes LAZARD et RIGADE, avait pour but de nous faire visiter la ville de Milly-la-Forêt, tout en mettant l’accent sur la botanique du trajet, sur lequel nous avons relevé nombre d’espèces telles que Scabiosa canescens et Peucedanum cervaria.

     Mme LIRON, le 10 juin, nous a entretenu des conditions d’aménagement du Parc de Livry-sur-seine, tout en nous montrant Cardamine impatiens, Cardamine amara et Lathyrus aphaca.

    La visite des Serres du Muséum, le 4 février, sous la direction de MM. BENARD et SOUESME, nous donna l’occasion de nous familiariser avec une remarquable flore exotique et, en fin de parcours, d’approcher des thèmes scientifiquement captivants: endémisme en Nouvelle Calédonie, Phylogénie du Règne Végétal.

     L’excursion du 4 mars à St Mammès, sous la conduite de Gabriel CARLIER, Françoise GUILLOUX et Jean Pierre MERAL, avait comme dessein de retrouver les lichens déterminés par Jean Claude BOISSIERE, il y a une bonne vingtaine d’années. Ce qui fut réalisé ; les espèces récoltées en témoignent, comme par exemple Fulgensia fulgens, Parmelia ramulosa, et Caloplaca cirrochroa.

        Tout naturellement nous pouvons maintenant passer à d’autres objets vivants, qui ont probablement joué un rôle considérable dans la conquête des continents émergés, au cours de l’histoire de la terre :les champignons, sans lesquels le monde actuel serait largement différent, les Macromycètes ne représentant du reste qu’une faible partie de la diversité fongique.

     Cette année nos mycologues, les plus passionnément attentifs, en premier lieu, MM. CHABRIER, LAURON et Mme TANASKOVIC, ont enrichi nos connaissances au cours d’une dizaine d’excursions. Le 8 avril à St Germain-en-Laye, l’observation faite par Alain LAURON de Cordiceps gracile sur une dépouille de chenille, nous a vivement intéressés. Cela s’est poursuivi à Chantilly avec la floraison vernale de l’Anémone sylvie se prêtant à l’étude des micromycètes associés: Dumontinia tuberosa, Tranzschelia fusca et Urocystis anemones; de même que sur Sceau de Salomon, Diaporthe pardalota; ou sur l’Euphorbe des bois Endophyllum euphorbia-sylvaticae. Le 29 juillet, en compagnie de Jean Pierre VIDONNE, nous avons noté Leucopaxyllus compactus. Le 1er août dans le bois de l’Hautil, nous avons admiré Myriostoma coliforme, geastrale rare pour la Région Parisienne. Nous devons souligner la disponibilité constante de notre ami CHABRIER, qui remplaça M. MERAL le 28 octobre à Fontainebleau. Notons également l’appréciable participation d’Olivier de CLARENS à l’excursion du 4 novembre dans le Bois des Courtilleraies, au cours de laquelle un grand nombre d’espèces furent récoltées. Les excursions à Sénart les 11 novembre et 1er décembre ont livré Macrotyphula juncea et Merulius aureus. Le 23 septembre, dans la Forêt de Morval, nous avons noté plusieurs espèces remarquables comme par exemple Phisisporinus sanguinolentus et Simocybe centunculus. Quelques parasites microscopiques de nos plantes communes y furent observés, Erysiphe tortilis sur Cornus sauguinea, Phyllactinia guttata sur Corylus avellana, Uncinula prunastri sur Prunus spinosa, et Melampsora evonymi-capraerum sur Euonymus europaeus. Ce jour-là avec Mme TANASKOVIC et moi-même nous avons visité le passionnant musée archéologique de Guiry-en-Vexin, et revu, in situ, la célèbre allée couverte du Bois-Couturier.

     Ceci démontre que nos activités à caractère historique complètent harmonieusement les enseignements que nous tirons de la nature. Ainsi le 22 juillet à Reuil-en-Brie, sous la direction de Mlle LE BERRE et M. LE RUYET, nous avons vu une collection de meules à grain rassemblées par M. BEAUVOIS, dont l’initiative personnelle et le mécénat doivent être salués. Le legs de ce patrimoine à la municipalité de la Ferté-sous-Jouarrre, contribuera beaucoup à la renommée de la ville, classée capitale mondiale de la Meulière.

      Deux excursions complétèrent ce registre. Celle du 21 octobre à Guérard et celle du 1er novembre à Bussy-St-Georges, toutes deux élaborées par Mlle LE BERRE et Mme RIGADE, illustrent une fois de plus le lien étroit existant entre l’Histoire et la géologie.

       Le 7 octobre sous la direction du professeur WATTEZ et Mlle CHESNOY, nous avons visité le curieux village troglodyte de Naours dans la Somme, aménagé dans la craie à Inocérames. Il correspond à d’anciennes exploitations romaines en carrières souterraines. Nous avons également mesuré dans plusieurs creuses, l’impressionnant effet du ravinement de la craie.

      Le 25 novembre Médard THIRY a bien souligné l’importance des calcites de Fontainebleau pour tenter de caler stratigraphiquement les grès stampiens attenants. Les démonstrations de ce Maître fort suivi, donnent aux naturalistes un surcroît d’éclairage sur la difficile question de la grésification des sables de Fontainebleau.

         L’entomologie connaît actuellement un renouveau d’intérêt chez les passionnés d’insectes ou d’araignées. Notre collègue Guillaume DOUAULT, conscient de cette attente, n’a pas, hésité une fois de plus cette année, à nous faire partager son savoir.

     Au cours de la journée du 15 juillet organisée par Mme BEAUDOUIN à Bourron-Marlotte, il a été trouvé le rare coléoptère Spondylus buprestoïdes.

     A Reuil-en-Brie le 23 juillet, un autre coléoptère Elaphrus riparius fut observé. Ces récoltes sont souvent complétées par d’autres observations zoologiques au cours des remarquables excursions élaborées par Mme PEDOTTI.

         Avec nos 3 conférences de l’année 2012, nous avons abordé des thèmes délibérément variés. Celle du 21 janvier présentée par M. LAURON avait pour sujet les champignons porés. Cet exposé permit à notre collègue de bien préciser la nature de ce groupe de Basidiomycètes et leur place dans la classification.

     Le 12 février Mme AUDOIN nous a savamment entretenu de BERNARDIN de St PIERRE, tout en soulignant le rôle singulier qu’il a tenu au tournant des XVIIIème et XIXème siècles, aussi bien dans l’Histoire Naturelle que dans la littérature. Ceci en un temps qui avait grand besoin de rêverie, et qui fit dire à BONAPARTE : « vos ouvrages nous charment et nous consolent ».

     La série des conférences s’est terminée le 11 mars lors de notre assemblée générale par un captivant exposé de M. DEUVE sur la Chine, rappelant les caractéristiques géographiques et naturelles de ce fascinant pays.

     On peut aussi souligner le rôle important joué par M. MEUNIER dans la mise en œuvre de nos conférences, avec un constant souci d’en assurer la diversité.

     Avant de vous entretenir des deux excursions qui ont particulièrement marqué l’année, il me reste à remercier M. DUPUIS, Mme PEDOTTI, M. KONRAT, tous les membres du Conseil, M. BULTEL et tous ceux qui participent de près ou de loin à la bonne marche de l’Association. Entre autres les auteurs de comptes rendus circulant par courriel, par exemple ceux de M. TASSET, de Mme TANASKOVIC et de Mme BACHE.

     Notre grande excursion annuelle s’est déroulée dans les Alpilles et la Crau, sous la direction de Jean Luc TASSET, Mlle CHESNOY et moi-même, avec les précieux concours de Nicole SANTARELLI et Remy SORNICLE. L’étude de cette petite région naturelle a rempli avec profit les 4 jours que nous lui avons consacrés. A partir de la ville d’Arles que nous avons visitée avec beaucoup d’attention, tant est riche l’histoire de cette auguste cité antique, nous avons rayonné dans une singulière entité géographique que structure le Crétacé. Au pied de cette formation nous avons parcouru un des coussouls, lieu jadis d’épandage des alluvions de la Durance, aujourd’hui emblématique d’une technique pastorale millénaire. La visite de l’antique cité de Glanum, encaissée dans l’escarpement naturel urgonien, a donné à cette matinée de printemps la hauteur de vue culturelle que complétait un séduisant sentier botanique. La montée à la chapelle d’Orgon nous a fait toucher du doigt le stratotype de l’Urgonien. De là nous avons saisi le dynamysme de la Durance à travers son cours actuel, abandonnant son tracé ancestral à Lamanon, seuil façonné dans la molasse gréseuse du Miocène, propice autrefois aux habitations troglodytes. L’incontournable bauxite, dont l’appellation est empruntée au toponyme des Baux-de-Provence, a été examinée avec grand intérêt dans le Vallon Rouge près de Maussane. La visite des vestiges de la meunerie de Barbegal, la plus grande et la mieux conservée du monde antique, ainsi que son aqueduc des Moulins, résume parfaitement le caractère transdimensionnel que nous avons donné à cette excursion. Le génie des réalisateurs de cet ouvrage est d’avoir su utiliser la géomorphologie des lieux, en s’appuyant sur les monticules Rognaciens du chaînon de La Pene, avec une parfaite maîtrise de l’hydraulique, afin de répondre aux besoins alimentaires de toute la population arlésienne.

     L’observation d’Ephedra major, au mont de La Caume, a donné l’occasion à Mlle CHESNOY d’évoquer toute une terminologie taxinomique, en nous montrant l’appartenance de cette plante aux Clamydospermes, nous rappelant les différences entre Gymnospermes et Angiospermes, tout en évoquant l’étrangeté des Préspermaphytes. C’est à l’étude des modalités de la fécondation, à ces divers niveaux, que notre collègue s’est attachée tout au long de ses nombreuses années d’enseignement, pour notre plus grand bénéfice, dans tous les secteurs de l’Histoire naturelle.

     Notre année 2012 s’est achevée, le 9 décembre, par la célébration de notre 3000ème excursion. A l’issue d’un petit parcours matinal, nous nous sommes retrouvés pour un déjeuner amical dans la célèbre Maison Fournaise à Chatou. Au préalable, notre Président M. DUPUIS, nous a exposé à sa manière, précise et critique, l’Histoire de l’Impressionnisme des bords de Seine, et en particulier celle d’Auguste RENOIR. La visite du Musée de la Grenouillère qui suivit, illustra parfaitement ses propos. L’après-midi se déroula sous la direction de Mme PEDOTTI, par un trajet jusqu’à Bougival, jalonné de témoignages d’une vie artistique et florissante aujourd’hui disparue. Le transect terminal permit d’examiner différents étages, de la Craie au Stampien, en passant par le Lutetien. Cet important dénivelé, de la Seine au plateau, que les Naturalistes ont gravi ce soir-là, fut naguère un obstacle technique, auquel le Grand Siècle fut confronté, et qui laissa dans l’Histoire la glorieuse mémoire de la machine hydraulique de Marly, conçue et exécutée pour le Roi Soleil, par Arnold de Ville et Rennequin Sualem.

     Cette journée d’exception, fut l’un des moments privilégiés où, dans la fusion des disciplines les plus diverses, nous vivons ce que s’efforcent de donner, sans limite et sans compter, depuis toujours, notre Association des Naturalistes Parisiens.

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